5. Toute bonne chose à une fin

Publié le 1 July 2006 par Maggy Thiebaut

Je m'éveille quelques heures plus tard avec la gorge en feu. Plus de voix. J'ai pris froid grâce au courant d'air dans le taxi de Mohammed. C'est malin. Je ne peux même pas soulever les paupières ni bouger le petit doigt. Je me rendors encore quelques heures.

Aujourd'hui, repos obligé, donc. J'ai perdu ma voix au Caire. Je ne bouge pas de ma chambre.

Au cours des siècles, les pharaons édifièrent des monuments gigantesques, non par vanité personnelle, mais pour s'attirer les grâces de leurs dieux.

"Karnak ! Là m'apparut toute la magnificence pharaonique, tout ce que les hommes ont imaginé et exécuté de plus grand", s'exclama Champollion.

Véritable dédale de pylônes, de colonnes, de cours, de portiques, d'allées de béliers et de sphinx, d'innombrables chapelles dédiées aux dieux, les temples de Karnak constituent avec les pyramides la plus belle manifestation de la splendeur égyptienne. C'est une merveille d'architecture. Thèbes n'a cessé de dresser sa ville vers le ciel pendant 2000 ans pour honorer ses dieux. Les pharaons croyaient que plus ils édifiaient pendant la vie, plus ils seraient récompensés après la mort.

Le Lac sacré d'Amon qui fut creusé sous Aménophis III, occupe le tiers du sanctuaire.

On ne peut pas quitter Karnak sans faire le tour du scarabée géant en granit . Il paraît que cela porte bonheur ! Donc, je ne vais pas m'en priver.

La salle hypostyle comporte 134 colonnes de 15 mètres de haut en forme de végétal. Ce temple a 3000 ans. Tout cela est vraiment impressionnant.

"Ramsès et Néfertari admirèrent, une à une, les 134 colonnes dont le décor révélait le nom des divinités auxquelles ... la figure de pharaon faisait offrande. Ces tiges végétales, rendues éternelles par la pierre, reliaient le sol, symbole du marais primordial, au plafond peint en bleu où brillaient des étoiles d'or. Comme l'avait souhaité Séti, l'immense salle à colonnes de Karnak incarnerait à jamais la gloire du dieu caché, tout en révélant ses mystères. Ramsès éveilla la force divine dans le secret du naos de Karnak.

Karnak s'éveillait. En compagnie de Néfertari, Ramsès emprunta la voie processionnelle, bordée de sphinx, qui conduisait au temple de Louxor."

Youssef m'abreuve d'infusions de gingembre toute la journée. Mon extinction de voix a disparu et ma gorge est guérie grâce aux bons soins de mon ange gardien.

Je re-traverse le fleuve sacré et j'admire les maisons le long du Nil. Je ne peux plus faire un pas sans tomber sur l'un ou l'autre copain. Louxor est une petite ville. Abu Hagag, Nubien et prof de géo m'a dit qu'on peut louer des flats à 500 LE la semaine le long du Nil. Si j'avais su !

A Louxor, j'ai fait ma moisson de souvenirs, de photos et d'amis. Je commence à m'habituer à cette douceur de vie. Demain est un autre jour.

Traversée du Nil chaque jour. Promenade quotidienne sur la Corniche. Je prends goût à l'atmosphère de l'orient. Beaucoup de gens me connaissent. Ils ne me harcèlent plus comme le premier jour. Je suis devenue une amie à qui ils offrent le thé, à qui ils se confient.

Je pense avoir vraiment brisé la glace.

Rencontres au fil des jours.

Osman, un autre prof, chauffeur de taxi à ses heures, habite aussi le long du Nil.

Nous avons eu aussi autour d'une tasse de café une longue conversation sur les mystères de l'Egypte ancienne. Comment ses ancêtres ont construit les pyramides, comment ils ont arraché ces tonnes de pierre aux carrières d'Assouan, comment ils les ont transportées par le Nil, comment ils ont élevé leurs obélisques, comment ils ont construit pratiquement 80 pyramides le long du Nil et des tas d'autres merveilles.

Osman a lui aussi deux boulots. Il est chauffeur de taxi et prof d'histoire.

C'est mon dernier jour en Egypte. Il sera consacré au shopping. Je m'arrête dans une boutique de textiles pour faire le plein de vêtements de coton. C'est là que je rencontre aussi un anglais qui a l'air d'être un habitué. Il me dit qu'il vit ici à Louxor toute l'année.

-Ah bon !? Comment faites-vous pour vivre ici ?
- J'ai un appartement dans la City à Londres. Je le loue à des gens qui sont assez fous pour payer le prix fort tandis que moi je vis ici comme un pacha sans grands besoins. Jamais je ne voudrais retourner vivre en Angleterre. Vous pourriez louer votre appartement aussi !?
- Euh le problème, c'est que mon appartement, je le loue, il n'est pas à moi.

Les garçons se plient en quatre pour me trouver des vêtements à mon goût. Il n'y a plus de T-shirts à ma taille. Un des garçons m'emmène par les petites rues de Louxor Village chez le tailleur qui, armé de son mètre ruban, prend mes mesures dans sa minuscule boutique. Je lui dis que je repasse par ici dans quelques jours. Pas de problème. Mes vêtements seront prêts.

Ils sont tous adorables. Ils me donnent l'adresse du magasin et me font promettre que j'écrirai à mon retour. Hassan à la peau presque noire est nubien. Un autre s'appelle lui-même Mr. Love. Ah ! Ces Egyptiens !

Je vais chercher mes chemises en coton au souk où je retrouve les garçons qui m'offrent aussi ce qui devrait être le dernier thé.

Oh misère de misère. Trop de "dernier(s)". Comme je déteste ce mot !
Je retraverse le Nil. Je rencontre Youssef et Osman qui m'offrent aussi un thé d'adieu. Sur le ferry, un visage familier, Osman me salue et plaisante. Nous rions tous les deux.

C'est vraiment le dernier soir, et je dois aller dire adieu à la famille Galal. Comme je déteste les derniers soirs, les séparations et les adieux !

J'essaie de faire le bilan. J'en suis bien incapable maintenant, là tout de suite. Il me faudra du recul pour y arriver. La porte de mes propriétaires est ouverte. Il y a là un couple d'allemands qui vient d'arriver pour un mois.

Ils arrivent. Moi, je suis en partance. Lui, c'est la première fois qu'il vient en Egypte. Elle : Oh moi j'ai cessé de compter. Je viens ici chaque année et je connais Hassan depuis des années... Nous buvons le thé (le tout dernier de la rive occidentale). Un ange passe.

Je n'en finis pas de faire mes adieux à tout ce peuple d'Egypte. Merveilleuse hospitalité égyptienne. Je reçois des petits cadeaux. Tout le monde est ému. On se promet de s'écrire.

Chaque fois que je retourne en Belgique, j'ai le sentiment de laisser en Egypte une partie de moi-même.

Quelques jours plus tard, je reçois des textos et encore quelques jours plus tard, des lettres de tous les amis égyptiens.

Mes rêves sont désormais peuplés d'un peu plus de temples, de colonnes, de statues et de hiéroglyphes.

Remerciements

Je voudrais remercier mon Fan Club ainsi que tous les amis égyptiens que j'ai laissés au pays des pharaons, faute de place dans mes valises.

Eléments de bibliographie

Akhenaton le renégat, Naguib Mahfouz, Her-Bak "Pois chiche", Isha Schwaller de Lubicz ; Egypte, Itinéraire intérieur, René Lachau, Les trésors de l'Egypte, David Roberts, Les dieux de l'Egypte, Erik Hornung, Max Guilmot (décédé): "Connaissance et intuition, réponses de l'Egypte ancienne", Musée du cinquantenaire de Bruxelles, Champollion, Flammarion, le Guide Bleu, Le guide du routard 2001, Histoire universelle, Marabout Université, L'Egypte, Koenemann, Ramsès II, la véritable histoire, Christian Jacq, L'affaire Toutankhamon, Champollion, Le Musée du cinquantenaire à Bruxelles, Champollion, Flammarion, le Guide Bleu et le guide du routard sur l'Egypte, Karnak et Louxor, Histoire universelle, Marabout Université, L'Egypte, Koenemann, Ramsès II, la véritable histoire, tous les héros de Christian Jacq dans Les Egyptiennes, L'affaire Toutankhamon, Champollion, en 5 volumes, Ramsès (le fils de la lumière, etc.), en 3 volumes, l'histoire du Juge Pazair (la pyramide assassinée, etc.), des CD-Roms sur l'Egypte ancienne, des tas de bouquins et de cassettes vidéos.