Symbolique des couleurs
Publié le 5 April 2009 par Nico, Nebetbastet
Il faut garder à l'esprit que pour les égyptiens, le verbe est créateur : le hiéroglyphe, parole écrite, possède aussi cette puissance créatrice, de même que les images peintes ou sculptées. On comprend alors mieux pourquoi en égyptien le mot "couleur" est synonyme de "nature", "disposition", "qualité" et était associé à l'essence profonde de l'objet. C'est la raison pour laquelle on disait qu'il était impossible de connaître la véritable couleur des dieux. Dans l'art pictural, les couleurs avaient une signification précise, indépendante de leur valeur esthétique. Ainsi la couleur attribuée à la peau des hommes -rouge brique- et à celle des femmes -jaune- permettait de distinguer les deux sexes. Dans la notion de dualité égyptienne, on trouve des nombreuses oppositions, telle que celle entre le rouge et le blanc, expression de complétude et de perfection (comme dans la couronne d'Egypte, union de la couronne blanche et de la couronne rouge).
Voyons en détails la signification des différentes couleurs :
NOIR :
km / kem
Ce n'est pas une couleur, mais l'absence de couleur. Le noir était la couleur du limon, porteur de fertilité et de renouveau. Une écaille de crocodile noir représentait l'idéogramme signifiant "noir", que l'on retrouve aussi dans le nom Egypte : Kemet, "la [terre] noire". Le noir était un symbole de renaissance et de regénération. Ces caractères étaient aussi liésà l'obscurité de l'au-delà, au royaume de la mort, qui était aussi l'endroit où le défunt subissait les épreuves et les transformations qui devaient lui donner la vie éternelle. Sont aussi associé à cette couleur, Osiris qui est appelé "le Noir", Khentamentiou, Anubis et Min. Ahmès-Neferatri, divinisée, était représentée avec la peau noire.
La couleur noire pouvait être obtenue à partir de la galène (pour le maquillage) ou de charbon de bois (pour la peinture). À partir de la IVe dynastie, le noir remplaça le vert pour les fards appliqués autour des yeux. Il est probable qu'il représente la couleur entourant naturellement les yeux du faucon, animal sacré du dieu Horus dont l'oeil avait une forte connotation bénéfique.
BLANC :
HD / hedj
Symbole de toute puissance terrestre, de pureté et de sainteté, il était associé aux cérémonies rituelles et aux objets sacrés. On évoquera à cet égard la "Chapelle blanche", l' "onguent blanc" ou le "Mur blanc", c'est à dire Memphis. De par son caractère sacré, c'est aussi la couleur de la joie.
Le blanc pouvait être obtenu à partir de la cérusite naturelle ou du sulfate de calcium.
BLEU :
irtyu / irtyu
Souvent opposé au rouge, le bleu incarnait la soumission et symbolisait l'infini. C'était la couleur employé pour représenté les dieux, notamment Amon, dont elle évoquait l'aspect cosmique. D'autres dieux portaient une barbe ou des ailes bleues.
On trouve plusieurs tons de bleu dans les réprésenation. Chacun de ces tons ayant une signification différentes. Le bleu clair est le symbole de l'air et du ciel. Le bleu sombre du lapis-lazuli est le symbole de la voûte céleste la nuit, et des abysses. Et le bleu turquoise est le symbole de l'univers aquatique du Nil, d'où jaillit toute vie.
Le bleu pouvait être obtenu à partir de silicate de cuivre calcique.
VERT :
wAD / wahdj
Associé à la végétation depuis les temps les plus anciens, le vert incarne l'abondance et la renaissance. Osiris qui était le dieu de la végétation par excellence était appeler "le Grand-Vert", en égyptien Wadj-wr, nom également donné à la mer("la Grande Verte") et aux marais du Delta. Dans cette acception de la couleur en tant qu'essence profonde de caractère universel, le language commun de Egyptiens assimilait les couleurs à la nature de l'action, ainsi le vert étant une couleur bénéfique, "faire des choses vertes" signifie bien agir.
Le vert pouvait être obtenu à partir de la malachite ou d'un mélange de bleu et de jaune.
Jaune :
xnt / khenet
Symbole de l'or, du soleil à son zénith et de l'immortalité, c'est la couleur des dieux, dont le corps est en or jaune (ou en or blanc). Le fond des décors est parfois peint en jaune pour symboliser un rouleau de papyrus géant, réceptacle des incantations sacrées qui y seront peintes. Le jaune est ordinairement utilisée pour dessiner la peau des femmes.
Le jaune pouvait être obtenu à partir d'oxyde de fer que l'on trouve sous forme de pierre dans les montagnes.
ROUGE :
dSr / deshrt
La couleur du désert aride, brûlé par le soleil. Il s'agit donc d'une teinte agressive, menaçant et "faire des choses rouges" signifie faire le mal. Mais le rouge était aussi la couleur de la force, un symbole de victoire et de vie. C'était la couleur de Seth, qui était le dieu du Mal et du désert, mais qui pouvait revêtir des traits positifs d'un défenseur de Râ quand, debout à la proue de la barque divine, il frappait Apophis de sa lance. Dans ses acceptions négatives, le rouge fut synonyme de sentiments mauvais et avoir "le coeur rouge" signifie être en colère. Les desherou, les "Rouges", étaient les serviteurs maléfiques de Seth, et desher signifie "inspirer la terreur", desher-ty signifiant "terrible". Par ailleurs en raison sans doute de l'aridité du désert et des nécropoles qui s'y trouvaient, , le verbe "rougir" étaient synonyme de "mourir". Naturellement, les flammes et le sang (senef) étaient également associé au rouge.
Le rouge, comme le jaune, pouvait être obtenu à partir d'oxyde de fer.