Le site de Saqqarah

Publié le 2 July 2007 par Benjamin

Moins connue des touristes, Saqqarah est le nom de l'ancienne nécropole de la cité de Memphis, une des capitales de l'Egypte antique. Située à moins de 30 kilomètres du Caire, sur la rive gauche du Nil, elle contient les sépultures de nombreux pharaons et hauts fonctionnaires égyptiens.

Situation géographique de Saqqarah (Image originale Wikipédia)

Le complexe funéraire ne compte pas moins d'une quinzaine de monuments datant de différentes époques. Il est d'ailleurs intimement lié au nom de Jean-Philippe Lauer. Cet égyptologue français, né en 1902, a d'abord préféré consacrer sa vie à l'architecture. Ce n'est qu'en 1926 qu'il arriva pour la première fois sur le territoire égyptien. Il fut invité à collaborer avec l'égyptologue britannique Firth sur le site de Saqqarah. Dès lors, la magie s'opéra et il comprit sans doute que sa vie serait vouée à ce lieu. Patiemment, il explora l'ancienne nécropole mettant à jour de nombreuses portions oubliées par les siècles. De 1926 jusqu'en 2001, année de son décès, il ne cessa d'oeuvrer dans le sens de la beauté du site en reconstruisant, pierre par pierre, le mur d'enceinte en calcaire blond de la pyramide à degrés de Djoser. Son très lointain collègue Imhotep en aurait sans doute été très fier !

Jean-Philippe Lauer en 1931 à Saqqara

Le nom « Saqqarah » a pour origine celui du dieu Sokar, divinité funéraire de Memphis. Lorsque la Haute et la Basse Egypte se réunirent en un seul et même royaume (Ière dynastie), les premières tombes firent leur apparition sur le site (principalement celles de grands notables). A l'époque, les tombeaux n'étaient pas sous forme de pyramides mais plutôt ce que l'On appelle des mastabas. Il s'agit d'une grande construction rectangulaire faite en briques (pour les premières) ou en pierres.

Les restes du mastaba en pierre de Ptahchepsès (grand prêtre de la Vème dynastie)

Le monument le plus intéressant de Saqqarah reste très certainement la fameuse pyramide à degrés, tombeau du pharaon Djoser (IIIème dynastie).

Représentation en calcaire du pharaon Djoser

Il s'agit de la première pyramide égyptienne et aussi du premier tombeau construit intégralement en pierres, donc conçu pour résister aux épreuves du temps.

La pyramide à degrés de Djoser

La pyramide à degrés de Djoser

Son architecte fut le célèbre et génial Imhotep (« celui qui vient en paix » en égyptien). Son idée a été de construire un mastaba d'origine, d'environ 125 mètres de long, et d'en superposer d'autres, de taille décroissante, sur son sommet. De cette façon, on obtient une pyramide comportant 6 degrés avec une hauteur totale d'environ 60 mètres. Il s'agit là d'une grande évolution dans l'architecture des tombeaux égyptiens. Inéluctablement, la suivante a été de lisser les bords pour obtenir des monuments comme ceux de Gizeh. En construisant une pyramide, l'idée d'Imhotep était de rapprocher le plus possible le souverain du ciel, et donc des dieux. l'aspect « en degrés » quant à lui peut être vu comme une sorte « d'escalier divin », facilitant l'ascension du pharaon défunt.

Comme cela a déjà été dit, ce tombeau très novateur, achevé vers 2600 avant J-C, se destinait au pharaon Djoser. Ce dernier était connu pour son aspect pacifique et sa grande justesse dans l'administration du pays. Il faut aussi savoir qu'Imhotep était son vizir (équivalent du premier ministre actuel). Ce ne fut d'ailleurs pas sa seule fonction. Il était un personnage très important et très charismatique qui cumulait à la fois les professions de médecin, philosophe, écrivain et bien sûr architecte. Après sa mort, sa grande sagesse lui a valu l'honneur d'être élevé au rang de divinité. Durant la période du Moyen Empire, il était fréquemment associé à Thôt, dieu du savoir et de l'écriture. Il devînt peu à peu la divinité principale de Memphis. On lui consacra même une sorte de chapelle sur l'île de Philae, à proximité du temple principal dédié à Isis. Il fut également considéré comme le dieu de la médecine, l'équivalent grec d'asclépios ou du dieu romain Esculape.

d'autres souverains de nombreuses dynasties se firent inhumer en ce lieu. On peut citer par exemple Sekhemkhet (le successeur de Djoser) ou encore Pepi II, Menrenrê, Ounas etc... C'est la raison pour laquelle c'est un site très riche en architecture. Chaque pharaon ayant essayé d'affirmer son style. Même si les successeurs directs de Djoser ont adopté la pyramide à degrés pour leur tombeau, on retrouve là-bas des pyramides classiques ou encore certaines aux formes peu communes.

Pyramide d'Ouserkaf (Vème dynastie)

Au cours de l'évolution des constructions égyptiennes, la pyramide à bords lisses n'a pas remplacé du jour au lendemain la pyramide à degrés. En effet, au sud de Saqqarah, à Dahshour, on trouve un monument très particulier, la pyramide rhomboïdale de Snéfrou (IVème dynastie). Elle est le témoin de l'évolution progressive de la forme de ce genre de tombeaux : des degrés vers les pentes lisses.

La pyramide rhomboïdale de Snéfrou

Outre les tombeaux de pharaons et de nobles, Saqqarah renferme également des temples dédiés au culte de certains animaux sacrés. On sait par exemple qu'il en existait un en l'honneur du dieu taureau Apis ou encore de la déesse chatte Bastet. Aujourd'hui, seuls quelques restes subsistent.

Voici donc un rapide tour d'horizon des fabuleuses visites qui vous attendent à Saqqarah ! Mais l'idéal est bien sûr de vous rendre sur place. d'autant plus qu'avec le billet d'accès à la nécropole, vous pourrez également visiter le musée. Ce dernier, voulu par Jean-Philippe Lauer, a été inauguré en 2006 et contient plusieurs salles renfermant une partie du résultat des fouilles de Saqqarah. l'un d'elle est d'ailleurs consacrée à l'égyptologue français, exposant l'Oeuvre de sa vie. Fait intéressant à noter : les photos sont autorisées à l'intérieur du musée.

Régulièrement, des fouilles sont toujours organisées sur le site de l'ancienne nécropole (notamment par la France). En effet, certaines parties restent encore inexplorées et des secrets sont mis à jour chaque année ! Qui sait, d'autres nous attendent certainement encore...

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