L'ogdoade d'Hermopolis

Publié le 15 July 2009 (mis à jour le 15 July 2009) par Benjamin

Il s'agissait d'un groupe de huit divinités (ogdoade) qui symbolisait les forces primitives qui régnaient avant la création. Cette association mythique se composait de quatre couples divins représentant les quatre entités primordiales à la fois sous la forme masculine et sous la forme féminine. On retrouvait donc :

  • Noun et Naunet, représentant l'eau primordiale, l'Océan initial
  • Hehou et Hehet, personnifiant l'infinité spatiale associée à l'Océan primordial
  • Kekou et Keket, symbolisant les ténèbres
  • Amon et Amonet, incarnant « ce qui est caché », « ce qui ne peut se voir mais qui se ressent »

d'après la légende, ces divinités, parfois perçues comme une entité unique, étaient considérées comme les « pères et les mères » de l'astre solaire. En effet, à partir de leur semence, ils parvenaient à féconder le lotus qui allait donner naissance à Râ.

Cette conception de la création du monde naquit dans la ville que les grecs nommèrent Hermopolis. En égyptien, cet endroit s'appelait Khemenou ou « la ville des Huit ».

l'Origine des ces divinités primordiales variait suivant la localité. Par exemple, à Thèbes, les prêtres imaginaient l'Ogdoade comme sortie d'un oeuf, lui-même issu du Noun. A Hermopolis, la vision était sensiblement différente : les Huit se seraient créés eux-mêmes à partir des forces primordiales qu'ils sont censés incarner.

Au niveau des représentations, l'Ogdoade d'Hermopolis était, la plupart du temps, symbolisée par des hommes et des femmes avec, respectivement, des têtes de grenouille et de serpent. Les hommes portaient un étui phallique attaché à une ceinture tandis que les femmes étaient couvertes d'une longue robe. Aucun élément ne permettait de distinguer l'identité d'une divinité : ils se présentaient par couple mais possédaient la même apparence.

 l'Ogdoade d'Hermopolis

l'Ogdoade d'Hermopolis figurée sur le naos d'amasis, XXVIème dynastie, Musée du Louvre, Paris

Parfois, cette représentation typique variait et on retrouvait les Huit coiffés d'un scarabée (pour les dieux) ou d'un disque solaire (pour les déesses). Les positions pouvaient aussi différer, montrant nos divinités dans une position d'adoration, bras levés, en direction du dieu solaire, tout juste sorti de son lotus de naissance. En outre, sur le temple d'Hibis à Kharga, il semblerait que l'Ogdoade ait été représentée sous la forme d'une entité unique possédant quatre paires de têtes.

La toute première mention de cette conception de la création a été retrouvée dans les Textes des Pyramides et date de l'ancien Empire (de la IIIème à la VIème dynastie). Cependant, ce ne fut qu'à la Basse Epoque (de la XXVème à la XXIème dynastie) que la tradition hermopolitaine se développa sous l'impulsion des théologiens thébains. A une moindre mesure, les prêtres de Memphis et du Fayoum firent de même. Cela explique que, pour l'instant, aucune représentation de l'Ogdoade antérieure à la XXVIème dynastie n'a été retrouvée.

Comme beaucoup de divinités créatrices, une fois leur rôle terminé, les Huit finissaient par mourir et partaient, selon la légende, rejoindre leur dernière demeure sous la butte de Medinet-Habou. A cet endroit, d'autres dieux leur rendaient visite afin de leur témoigner les hommages qu'ils méritaient.