L'Egypte en 10 textes et 10 photos

Publié le 22 November 2006 par Charles Rossignol

1. Assouan, dernière frontière

Considérée comme la plus belle ville du Nil, Assouan est un lieu privilégié. Ici se bousculent des siècles d'histoire, un fleuve légendaire et un désert immense. Point de départ de toutes les croisières sur le lac Nasser voguant à destination d'Abou Simbel ou descendant le Nil en direction des temples de Louxor, elle est aussi depuis peu la porte d'entrée du somptueux désert Blanc et de ses formations minérales uniques au monde. Située à l'emplacement de la première cataracte, barrière naturelle infranchissable pour leurs bateaux, Assouan était la dernière frontière des Egyptiens, la dernière trace de civilisation avant la Nubie, ce pays vide, aride, peuplé de tribus rebelles. Aujourd'hui encore, Assouan reste empreinte de cette ambiance, de ce mystère que possède toute ville posée au carrefour du temps et au milieu de nulle part. Cette ville n'est pas visitée par les touristes en vacances en Egypte par hasard.

2. Le mausolée de l'Aga Khan III

A l'image des princes nubiens, l'Aga Khan III choisit les falaises d'Assouan pour se faire inhumer. Considéré à l'époque comme l'homme le plus riche au monde, ce dernier venait à Assouan pour soigner ses rhumatismes en s'enterrant jusqu'a la taille dans le sable brûlant. Mort en 1957, il était le quarante-huitième imam de la secte musulmane des ismaéliens. Son mausolée, désormais fermé au public, offre une vue magnifique sur le Nil et la ville. Le palais des femmes construit à ses pieds n'a de fenêtres qu'en direction du mausolée pour que chaque jour elles le regardent et pensent à lui.

3. Le monastère de Saint Siméon

Sur la rive gauche du Nil, derrière une colline, se cache le monastère de Saint-Siméon près du village de Gharbi El-Assouan. Construit vers l'an 700 et abandonné au XIII siècle, le monastère reste très bien conservé. Il était constitué d'un mur d'enceinte et de quatre bâtiments dont une église, un réfectoire, un bâtiment dédié aux cellules des moines. On peut y découvrir des fresques de style copte. Le seul point faible de ce monastère était l'accès à l'eau. En effet, il fut régulièrement assiégé et l'eau, trop éloignée, manquait souvent. C'est certainement l'une des raison de l'abandon du monastère.

4. Les deux barrages d'Assouan

Le premier appelé aujourd'hui le " petit " barrage fut construit au XIX siècle pendant la domination britannique pour réguler les crues du Nil. Il fit disparaître sous ses eaux une partie de la Nubie. Dans les années 60 un nouveau projet " pharaonique " voit le jour : la construction (par les Russes) du Saad al-Ali destiné à remplacer le premier barrage. Le lac Nasser venait de naître long de 500 km et par endroit large de 30 km. Le lac noyait cette fois l'ensemble des territoires de la Basse Nubie mais il a permis de fournir l'eau et l'électricité nécessaire à l'évolution de l'ensemble du pays.

5. Les villages nubiens

Près de 100 000 nubiens ont été déplacés dans des villages construits pour eux d'Assouan à Kôm Ombo. Souvent peintes à l'intérieur comme à l'extérieur avec des représentations de bateaux, symboles et drapeaux, ces habitations se distinguent des autres maisons égyptiennes par leurs décorations très colorées. Une manière pour eux de perpétuer leurs traditions et leur culture. Deux sites sont à visiter pour découvrir la culture nubienne : les tombeaux des princes nubiens (à côté du mausolée de l'Aga Khan) et le musée de la Nubie (à côté de l'hôtel Old Cataract).

6. Les rendez-vous traditionnels

Les Egyptiens ne restent quasiment jamais enfermés chez eux. Quand ils ne travaillent pas, ils aiment se retrouver dans les cafés, véritables lieux de vie. Les discussions entre hommes (car ces rendez-vous sont exclusivement réservés aux hommes) sont très animées. Ils se racontent des histoires, parlent politique, boivent le thé, fument la chicha (sorte de pipe à eau), jouent aux dominos. Le choix d'un café attitré pour un Egyptien se fait sur les affinités politiques, professionnelles, et intellectuelles.

7. Philae

Sauvé des eaux dans les années 1970, le temple de Philae est un navire en partance pour l'intemporel. Ses deux pylônes ressemblent aux cheminées d'un paquebot et les colonnes du Mammisi en sont les coursives. Isis, maîtresse des lieux, pleure Osiris, son cher époux enterré sur l'île voisine de Biga. Le culte de cette femme amoureuse, repris par les Grecs et les Romains comme en témoignent les cartouches des empereurs Auguste, Tibère, Caligula ou Néron et surtout le superbe kiosque de Trajan, sera le dernier à résister à l'évangélisation. Au IVe siècle de notre ère, le temple d'Isis deviendra une église dédiée à Saint Etienne.

8. La réserve naturelle d'Assouan

C'est en 1986 que les îles de Salouga, de la Gazelle ainsi que quatre autres îles sont déclarées réserve naturelle scientifique. Peuplée d'une faune et d'une flore extraordinaires cette réserve est, heureusement pour sa préservation, très difficilement accessible. Au milieu de ses roseaux le héron cendré, le canard pilet et l'ouette d'Egypte s'observent facilement. En revanche, la huppe, l'ibis, l'alcyon pie et la rousserolle stentor se font plus discrets et il faut souvent faire preuve de patience pour en apercevoir.

9. Les souks

Sûrement les lieux les plus visités de l'Egypte, ces marchés sont l'attraction principale des touristes. Dès votre arrivée on vous interpelle. Vous serez appelés selon votre âge Sophie Marceau, Bernadette Chirac, Zidane, Alain Delon... Tout est fait pour vous décrocher un sourire. Ensuite vient le marchandage : " moins cher que gratuit ! ". C'est sûr, c'est une affaire. Les produits les plus typiques à rapporter sont : les djellabas, les bijoux en or ou en argent (la croix ankh, profil de Néfertiti, etc.), les épices (spécialité du souk d'Assouan), les papyrus, les statues en granit et autre pierres. Le marchandage fait partie intégrante de la vente c'est une tradition.

10. Abou Simbel

Entre 1963 et 1970, quatorze édifices furent sauvés au prix d'un travail titanesque. Abou Simbel est le plus fameux d'entre eux. Le temple semble avoir toujours été là, hiératique au milieu du désert, loin, bien loin de Thèbes, la capitale des pharaons située à quelque 1 000 km plus au nord. Difficile de réaliser que l'emplacement initial se trouve 65 m plus bas sous les eaux et que chacun des colosses de 20 m de haut a été découpé et remonté bloc par bloc. Ramsès II, le génial bâtisseur, n'aurait pas renié une telle performance. Remonté lui aussi à l'identique, le temple d'Hathor consacré à la reine Néfertari, épouse du pharaon, ajoute à la magie du lieu. Bardés de colosses représentant Ramsès, ces deux temples semblent garder une porte invisible, celle de la toute puissance des pharaons face au néant, face à la barbarie d'une terre sans vie et sans espoir.